Une succession de choix individuels et familiaux soutenus par des associations locales

Anton d’Arménie

« J’ai quitté mon pays car j’avais des problèmes avec le gouvernement, j’avais une grosse entreprise en Arménie et avec la corruption, il fallait toujours payer pour travailler. J’ai décidé d’arrêter cela. Ce qui était important c’était de protéger ma famille. Quand j’ai décidé de partir je ne savais pas où aller mais la France je connaissais. J’imaginais la France comme un pays de liberté. A mon avis la France est le seul pays sur la planète où on trouve la liberté, l’égalité.

On est arrivé avec ma femme et mon fils à Clermont en car. On a demandé la protection de l’Etat français à la préfecture directement. On a eu un bon accueil dès le début. On a été hébergé en hôtel un mois environ par la préfecture puis on a été logé en CADA par l’association CECLER. Notre fils est allé à l’école. Six mois après notre arrivée en France, on a été envoyé dans un autre CADA. Là-bas on a côtoyé des gens de beaucoup de nationalités différentes. C’était très important car on devait parler le français. Notre logement était adapté et meublé, propre. Une association sur place « Les restos du cœur » donnait des cours de français. Notre fils était lui toujours scolarisé.

Du côté du travail, il fallait beaucoup de volonté, c’est moi qui ai choisi ce que je fais. C’est moi qui voulais décider, je voulais pas faire n’importe quoi, j’avais mon idée en tête. Au CADA je m’ennuyais et surtout je voulais rendre ce qu’on nous donnait. J’ai travaillé comme bénévole à Emmaüs en utilisant mes compétences en ébénisterie et menuiserie. L’OFPRA nous a accordé la protection internationale et on est allé signer le contrat d’accueil et d’intégration à Clermont. Grâce à ça, j’ai pu suivre des cours de français tout en continuant mon travail à Emmaüs. J’ai bien progressé.

Comme j’avais laissé mon permis en Arménie, je ne pouvais pas conduire. C’était un gros problème, j’étais pas autonome et très dépendant des autres. Avec ma famille on était coincé, on pouvait pas se déplacer. C’est Pôle emploi qui a financé mon permis le conduire. J’ai travaillé la nuit pour apprendre tous les mots par cœur pour passer le code que j’ai eu du premier coup. Après, quand j’ai reçu mon permis, j’ai pris un crédit à la banque pour acheter un véhicule. Avec la voiture, j’ai distribué des prospectus pendant 26 mois. Le salaire était très variable, la situation assez instable. Le directeur d’Emmaüs m’appréciait bien et m’a donné beaucoup de conseils. J’ai fait une formation à l’AFPA en menuiserie agencement. Mais personne voulait m’embaucher en sortant de cette formation. De toutes façons moi je voulais travailler à mon idée, je voulais pas faire n’importe quoi. Mes amis m’ont donné des informations, m’ont aidé à comprendre le fonctionnement des choses. Et du coup, je suis allé à la chambre des métiers pour voir comment créer mon activité et j’ai fait la formation de 4 jours, j’ai payé ma formation et j’ai eu le droit de m’installer comme auto entrepreneur. Aujourd’hui je travaille bien, je suis en contact avec des magasins de cuisine qui font appel à moi pour monter les meubles chez les clients.

Plusieurs choses ont été importantes pour moi, le bon accueil de la France à notre arrivée, un bon logement. Ce qui a été important c’est qu’on avait beaucoup de relation avec des Français. Je dirai qu’aujourd’hui 70 % de nos relations sont françaises.

Mais ce qui était important pour moi c’était que je savais ce que je voulais, que j’avais envie de travailler et que je voulais pas me laisser porter par les autres. Je voulais la liberté de faire ce que je voulais, et je voulais une bonne vie !

Maintenant je veux avoir une maison, c’est le prochain projet. »

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